Lundi 30 septembre.
Trentième jour : Rome est à 974 kilomètres.
8 h 30, nous traversons la place de l’hôtel de ville où des cars déposent leur cargaison de touristes. Puis c’est la partie antique, romaine, d’Aoste que j’avais visitée il y a quelque temps avec ma femme.
Un affichage numérique indique 15 °C. Ce soir je dois retrouver les trois Français partis de Besançon et leurs amis Canadiens à Châtillon, à une trentaine de kilomètres, où nous avons réservé chacun de notre côté une place à l’« Albergo Valdostano ». Je n’ai pas de nouvelles des Brésiliens.
Si j’ai bien compris les Canadiens ont déjà quarante-sept jours au compteur et il en resterait une trentaine pour atteindre Rome, soit un périple d’environ quatre-vingts jours. Il faut savoir gérer la fatigue qui s’accumule jour après jour : ils ont pris quelques jours de repos, un par-ci, un par là.
À la sortie de la ville, sur le vieux Pont de Pierre d’Aoste, un carabinier, ou plus prosaïquement un policier municipal, nous remet sur le bon chemin, puis bientôt on monte au milieu des vignes vers Saint-Christophe.
Déjà je cherche à échapper à ce groupe. Ils sont plutôt sympathiques, mais je ne nous vois pas nous retrouver ainsi tous les soirs jusqu’à Rome. J’accélère. Je suis un ours. Bon on verra bien. Si ça se trouve on va devenir inséparables.
Depuis Aoste on circule à flanc de coteau, sans doute pour nous éviter de longer la route nationale qu’on aperçoit en bas dans la vallée. Le chemin passe son temps à monter et à descendre pour enjamber chaque escarpement de la montagne. Entre deux le plus souvent il longe des canaux d’irrigation ce qui permet de récupérer.
J’avais espéré croiser des bars ou des commerces sur le trajet, mais l’activité commerciale doit se situer en bas où il faudrait faire un détour pour s’approvisionner, mais le parcours est déjà assez sportif à mon goût. Je vais me contenter de mes deux barres de céréales et d’une pomme.
Juste après le château de Quart, les collègues m’ont rejoint alors que je faisais une pause pour déguster « ma » pomme et tenter de réserver une chambre pour demain. Ensuite je suis reparti en avant, mais ils ne doivent pas être bien loin.
13h30 je suis assis à l’ombre de l’Oratorio Santa Lucia à côté de l’église de Diemoz.
Il fait très beau et par moment il y a du vent. D’après le guide il resterait deux heures quarante pour atteindre le centre de Châtillon. Je suis en forme.
16 h 45, je suis arrivé à l’hôtel. La ville est assez importante, étalée sur le flanc de la montagne. En arrivant je suis passé devant le pont romain dont il ne reste qu’une petite arche, mais qui demeure impressionnant.
Ma chambre est grande, on pourrait y loger à trois. Dès mon arrivée, on m’a prévenu :
— C’est très grand, il y a une salle de bain, c’est 50 euros,
— Mais quand j’ai réservé vous m’avez dit 40 euros,
— Ah bon, alors d’accord, c’est 40 euros.
Est-ce l’Italie… ou mes oreilles… ? Hier c’était exactement le contraire, lors de la réservation j’avais compris 50 euros, en arrivant on m’a dit « Ah non c’est 33 euros », remise probablement due à ma qualité de pèlerin, et pour en finir au moment de payer ce n’était plus que 32 euros.
Mes compagnons m’ont envoyé un message : ils ont changé leur plan, ils sont à l’Hôtel Dufour. J’en apprendrai sans doute plus demain. Il est possible qu’ils aient fait le bon choix parce qu’ici c’est quand même très spécial. Dans la chambre une poignée de placard m’est restée dans la main, le lit tangue… Le personnel, plutôt sympathique par ailleurs, est toujours aussi imprécis dans la teneur et les tarifs des services proposés. En me rendant à table on m’a annoncé que le prix négocié précédemment ne comprenait que la chambre alors que j’avais réservé pour la demi-pension. Après un moment de flottement et la venue de plusieurs responsables j’ai quand même eu droit à mon repas, mais attention sans entrée, sans dessert, et de plus, ou plutôt « de moins », sans petit-déjeuner demain matin.
Cette deuxième journée en Italie était très physique mais somme toute agréable, d’autant plus que la « machine » a bien supporté le choc. Sans être béat, je reste zen devant ces aléas hôteliers, j’ai un toit et je ne suis pas mort de faim, gnocchi suivis d’une escalope – haricot vert, et si cela ressemble au chaos il est immergé dans la bonne humeur. Je m’adapte.
Donc pas de petit-déjeuner. Après le repas je pars prospecter. Il y a un bistro près de l’hôtel dont le patron très accueillant parle bien le français, mais pas de chance, demain c’est son jour de fermeture. Il m’en indique un autre un peu plus loin. Par contre j’ai senti quelques gouttes. Je remets cette exploration à demain matin. Rien ne presse.
Demain je vise Verres à une vingtaine de kilomètres. J’ai essayé de réserver une place, mais ça ne répond pas.
818 kilomètres parcourus depuis chez moi dont 30 aujourd’hui.
Ci-dessous une galerie de photos, d’éventuelles précisions sur des curiosités locales, la navigation vers les étapes suivantes ou précédentes et la possibilité de déposer un commentaire.