Sur La via de la Plata, de Séville à Santiago de Compostelle
Puebla de Sanabria, mercredi 22 septembre.
J’ai quitté l’auberge vers 7h30 en compagnie d’Arnaud. Pour le moment il fait frisquet. Dans ma chambre, à l’auberge, il y avait deux hommes que j’ai juste entrevus quand ils sont venus se coucher à minuit passé et une Américaine plutôt hermétique avec qui je n’ai échangé que le minimum social, comme si mon anglais l’avait effrayée ou indisposée.
Le chemin emprunte un moment la nationale où nous dépassons le couple allemand, puis il traverse la lande et suit un petit ruisseau où des panneaux « Tramo libre sin muerte » indiquent qu’on y pratique une pêche avec remise à l’eau. Il y a encore de la brume et de la rosée, c’est très beau avec un côté romantique, féérique. Pendant que je m’attardais à prendre des photos Arnaud a continué sa route. A chacun son rythme. Hier il m’a appris qu’il avait marché de Cluny à Fisterra en 2008.
Peu après 9h je rejoins la grand route où, pas très loin devant moi, marche le couple allemand qui aura probablement préféré continuer sur le goudron plutôt que de mouiller ses chaussures dans les bruyères.
Le Chemin continue ensuite à jouer à cache-cache avec l’autoroute, traverse quelques villages aux maisons typiques avec escaliers extérieurs et balcons aux balustrades tantôt en bois tantôt en métal. Le tout ne respire pas l’abondance. Conifères, fougères et châtaigniers dont certains plus que centenaires au vu de leur taille, se mêlent aux bouleaux et aux chênes pour rappeler que nous sommes désormais environ à 1000 m.
A Requejo de Sanabria, un beau village avec ses rues bordées de maisons anciennes je retrouve Arnaud dans un bar, je m’offre sandwich et café. Le couple allemand passe et vient nous saluer, la dame resterait bien pour partager la conversation mais ils ont déjà fait une pause et Monsieur préfère continuer et aller de l’avant. En route encore quelques beaux villages dont celui d’Aciberos avec son moulin. La carte mémoire de 2 Go de l’appareil photo d’Arnaud est pleine. Peu d’espoir de pouvoir en acheter dans le coin, en attendant il me confie la lourde responsabilité d’immortaliser ces instants.
Arrivée au gîte de Lubian vers 14h où il y a déjà une personne. En route quelques belles montées, une journée agréable, sportive. J’ai un peu mal au dos.
Au « Centro de salud » j’ai été déclaré bon pour le service, ils m’ont enlevé les points. Ouf ! Affaire classée. Du coup j’ai téléphoné à Hélène pour qu’elle me réserve une place sur un vol le 1er octobre. Est-ce dû au fait que 2010 est une Année Sainte Compostellane, mais d’après les informations consultées sur Internet le bus serait plein jusqu’au 15 octobre, de plus il coûte 190 euros alors que l’avion 123. Pourquoi s’en priver. Jusqu’à Santiago il reste environ 230 km que le guide parcourt en 8 jours, ce qui mène au 30. Je n’ai pas besoin de m’attarder à Saint-Jacques, donc sauf gros pépin cela devrait coller, au pire je prendrai un bus pour terminer.
Pour fêter la guérison de ma main je me suis dirigé vers l’unique bar de la cité. L’américaine, Shannon, était là à discuter avec Arnaud. Il faut croire que son charme est plus opérant que le mien car elle s’est déridée et on ne l’arrête plus, un vrai moulin à paroles. Elle nous raconte par le détail le repas qu’elle a préparé hier soir à l’auberge de Sanabria pour ceux qui n’étaient pas au restaurant. Du coup Arnaud essaie de pousser son avantage et de la convaincre de nous faire profiter de ses talents, mais rien à faire, trop de boulot, pas deux soirs de suite.
Chacun repart de son côté pour déambuler un peu dans le village et régler ses petits problèmes d’intendance. Au centre du village je découvre ma première borne-sculpture de Nicanor Carballo. Le temps porte conseil, une fois de retour à l’auberge Shannon nous déclare que tout compte fait c’est d’accord, elle veut bien préparer le repas. Je repars avec elle pour acheter les ingrédients. Elle est végétarienne, ou plutôt comme elle le précise, elle ne mange pas de viande, mais elle va faire un repas mixte qui conviendra à tout le monde. A table René, 83 ans, se joint à nous pour bénéficier de ces agapes. Il fait le Chemin par petite tranche de 16km. Nous sommes tous épatés car pour arriver ici il y avait quand même des côtes sévères. Cela donne de l’espoir. Il a fait tous les Chemins. Plusieurs fois. C’est le cas de la plupart des gens sur la via de la Plata. Ici pas moyen de pavoiser, on en trouve toujours un qui a fait plus que soi. Repas très agréable, Shannon nous a choyés. Heidi, une Allemande parlant français comme toi et moi qui a déjà mangé, sans doute fidèle à ses habitudes d’horaires germaniques, nous tient compagnie. A une table voisine un couple hispano-hollandais, des cyclistes, participe à la conversation. Ambiance très chaleureuse, pas uniquement en raison du vin local.
Une excellente journée tant par le trajet que l’auberge et bien sûr ma main retrouvée.
Pour Jean-Claude
Salut Jean-Claude,
Tu poursuis ta progression vers Santiago.
La main, cela me fait un souvenir indélébile ;o)
A+
Pierre
Re: De Puebla de Sanabria à Lubian : 29 km
Bonjour Pierre,
En effet, les photos sont magnifiques! Surtout celles des « en-têtes », c’est le Top!…
Pour la guérison de la main…. çà aura été long! Surtout avec les contraintes de soin, et le mal en plus.
Jean-Claude
Pour Anne
Bonjour Anne,
En octobre en Galice la météo annonçait quelques fois de la neige, mais j’y ai toujours échappé. C’est sans doute une expérience à vivre … sous réserve d’être bien équipé.
Le guide en ma possession était très rudimentaire, je l’avais trouvé sur Internet (voir l’article « Impressions de voyage sur la Via de la Plata (2010) >> Départ pour Séville « ) et il ne mentionnait pas ou peu les détails « touristiques ». Donc je n’ai pas eu connaissance de ce piège à loup, mais de toute façon ce jour là il faut reconnaître que j’étais plus attiré par une visite du « centro de salud » …
Merci à vous aussi pour ce partage, cet autre regard sur le Chemin.
Au plaisir de vous lire
Pierre
Re: De Puebla de Sanabria à Lubian : 29 km
Bonjour Pierre,
Heureuse de vous voir continuer le chemin en bonne forme.
Un souvenir différent, mi-avril de cette année : un temps difficile pour les marcheurs. un grand froid, beaucoup de pluie, de la neige au col de Padornelo.
Mais rien qui entache la beauté de cette étape.
Un dîner partagé mais… à l’ intérieur de l’ albergue, autour de l’ unique petit radiateur à même de fonctionner ! Pourtant une ambiance chaleureuse !
Partie pour aller voir les vestiges d’ un piège à loup à l’ extérieur du village, j’ ai dû faire demi-tour pour aider un cycliste néerlandais qui ne trouvait pas l’ albergue. Trop tard ensuite ; il fallait préparer le repas. L’ avez-vous visité ?
Ce qui m’ amène à notre dernier échange.
Ah, non, alors, ne changez rien ! Je suis bien trop fière d’ avoir fait une aussi longue étape ce jour là, hihihi !
Et vous avez raison, les différents guides n’ indiquent jamais les mêmes distances. Une constante pourtant : aucun ne comptabilise tous les kilomètres parcourus lors des visites des villes et villages traversés. Alors, même si nous aimons marcher, nous le faisons bien assez, n’ est-ce pas ?
Vos photos toujours superbes.
Merci pour ce partage.
Bonne journée.
Anne
Pour Hélène
Bienvenue au royaume des fées ;o)
Fées
Magnifiques photos du royaume des fées… J’aime beaucoup les photos descriptives mais celles qui ouvrent la porte au rêve et à l’imagination… encore mieux alors merci !