Vers Pons sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle

Dimanche 6 septembre,
19e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1265 kilomètres

Pons
De Saintes à Pons

Un peu plus de 10h, Murielle vient de me déposer près de la passerelle qui enjambe la Charente au niveau de la cathédrale Saint-Pierre. Il fait très beau.

Départ un peu tardif, je voulais respecter le repos dominical des travailleurs, ne pas réveiller tout le monde à l’aube, de plus nous nous sommes attardés à discuter autour du petit-déjeuner, profitant de l’instant. Les enfants regrettent que je parte, ils m’auraient bien gardé pour le pique-nique. Ça me touche.

Je n’arrive plus à ouvrir ma poche à eau, le bouchon est bloqué ; il va falloir que je m’en procure une autre à Bordeaux, de toute façon elle fuyait quand je couchais mon sac. C’est celle que j’avais l’année dernière, elle a sans doute fait son temps. En attendant j’ai «emprunté» une bouteille en plastique à Murielle, je devrais survivre, beaucoup n’ont que ça et la change quand elle devient hors d’usage.

Aujourd’hui direction Pons à un peu plus de 20 kilomètres. J’ai le temps sauf si je continue comme ça : attiré par les arbres de la rive droite du fleuve j’ai bêtement suivi la passerelle pour m’apercevoir qu’en fait il ne fallait pas traverser. Je corrige le tir.

Sur les bord de la Charente un marcheur m’interpelle « Vous faites le Chemin ? ». Il l’a déjà fait par tronçons. Nous discutons un moment.

11h me voilà enfin sur un sentier. La sortie de Saintes n’est pas très agréable, elle se fait par la route et souvent il n’y a pas de bas-côté, on se retrouve coincé entre les voitures et la glissière, c’est très inconfortable. Il fait beau, mon sac me parle : à chacun les voix qu’il mérite.

En route un ancien théâtre gallo-romain à Thénac. L’endroit est paisible incite à la rêverie.

Par prudence je viens de réserver une place au gîte de Pons, c’est l’Office de Tourisme qui le gère et ils ont parfois des horaires étranges surtout en arrière-saison. Il y a de la place, ce n’est pas vraiment une surprise, et ils ferment à 18 h, rien ne me presse.

13h15, peu après Préguillac, je quitte un arbre où je m’étais abrité du soleil et adossé pour déguster les sandwichs que Murielle m’a gentiment préparés ce matin. Au moment de partir j’ai senti quelque chose dans mon talon droit et là, catastrophe, une ampoule. Après la poche à eau, c’est la journée des problèmes. J’ai percé, mis un fil pour drainer et un sparadrap pour protéger. Le pied n’appuie pas vraiment dessus, elle ne devrait pas trop m’embêter. Ce soir je mettrai un pansement, ou même plutôt demain matin le temps qu’elle sèche. Ce voyage est incontestablement très différent du précédent. A Moissac il y avait un réflexologue qui proposait gracieusement ses services ; un pèlerin qui avait des ampoules en avait profité et s’était fait dire que ses ampoules étaient le signe de quelque chose qu’il n’arrivait pas à abandonner. Voilà un nouveau sujet de méditation (j’allais écrire de réflexion !). Il fait toujours très beau il reste environ 13 bornes.

14h40, je viens de traverser le petit village de Boissouchaud. Le paysage est très beau avec des vignes, des champs de tournesols, des champs labourés, c’est vallonné, au loin des petits villages. J’aime beaucoup.

Les livres des récits de mes marches vers Compostelle

A l’entrée de Pons un couple de Français, Patricia et Éric, se reposent dans un champ les pieds à l’air. Je les rejoints : enfin des pèlerins ! Ils marchent depuis Tours mais demain c’est la fin des vacances. On discute pendant plus d’une heure, j’en profite d’autant plus qu’ils ne vont pas au gîte d’étape, ils ont réservé dans une chambre d’hôtes. Ce sont plutôt des randonneurs et ils ont pas mal baroudé à travers le monde. Ils ont suivi le topo-guide du GR et ont probablement fait beaucoup plus de kilomètres que moi, le Chemin essaye lui d’aller au plus court tout en évitant les grandes routes. Ce Chemin, justement, ils ne le connaissent pas très bien mais ça les tente. On se sépare en espérant se retrouver ce soir en ville au hasard de nos pas. Je ne les reverrai pas.

Pour rejoindre le gîte il faut traverser toute la ville, au passage je croise le donjon puis l’église Saint-Vivien. A l’Office de Tourisme l’homme qui m’accueille est très chaleureux, pas un sourire de façade, ce n’est pas toujours le cas. La halte jacquaire est juste à côté de l’Hôpital-Neuf, l’ancien Hôpital des pèlerins : je suis dans l’ambiance. Dans le gîte, ô surprise, il y a 4 lits superposés, donc 8 places, et l’une d’elles est occupée, à la taille du sac à dos ce serait plutôt un homme.

Christian a laissé un message sur le livre d’or, il serait passé ici hier, le texte ne permet pas de savoir s’il l’a écrit le soir ou le matin, il y a donc un jour d’incertitude. Les Français m’en ont parlé, ils m’ont appris qu’il avait trouvé de nouvelles chaussures. Christian est très communicant. Par quel mystère est-il devant moi ? Il a dû changer ses plans et renoncer à reprendre à Sainte-Maure. Ultreïa ! Je le saurai quand je l’aurai rattrapé … Bon je suis peut-être un peu présomptueux mais cette idée me stimule.

Le soir repas dans une sorte de guinguette au bord de l’eau. C’était très quelconque et un peu cher au vu de la qualité mais ça avait l’avantage de ne pas être très loin et le cadre était agréable, estival. Quand je me couche mon compagnon de chambre n’a toujours pas donné signe de vie. Mon ampoule a une bonne tête. Demain ce sera Mirambeau à environ 30 km.

Sur le Chemin
555 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

4 réflexions au sujet de “Vers Pons sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle”

  1. Pour Irène
    Merci pour tes encouragements. Anima !
    Je m’y attelle avec des hauts et des bas.
    Juste avant ton commentaire j’avais justement été voir ton récit (quelle coïncidence) et j’ai vu que toi aussi tu t’attardes à savourer les plaisirs de Taller 🙂

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  2. Pour Hélène
    C’est vrai qu’après l’accueil chaleureux de Saintes, le soleil revenu et peut-être ces bornes qui m’accompagnent le Chemin semble plus gai.

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  3. Re: Pons
    Ton récit continue tout doucement. La frontière est encore loin. Difficile n’est ce pas de refaire le chemin dans sa tête !!! La motivation est elle toujours là ???
    Allez ! Courage!
    J’aimerai connaître la suite…D’autres aussi je pense.

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  4. Noir
    Ouf, on dirait que cela s’éclaircit (à part les pauvres tournesols grillés), après quelques journées – à ma lecture – à tendance lugubre.

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