Vers Aulnay-en-Saintonge sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle

Jeudi 3 septembre,
16e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1355 kilomètres

Aulnay-en-Saintonge
De Melle à Aulnay-en-Saintonge

J’ai quitté le refuge communal de Melle vers 7h45. Le chemin me conduit à nouveau devant l’église Saint-Hilaire, en fait souvent son tracé incite à découvrir les principaux centres d’intérêt des villes, notamment, nul ne s’en étonnera, les églises. Il y a des petits nuages mais la tendance est au bleu ; il fait frais mais la chemisette suffit.

Cette nuit il a dû pleuvoir abondamment, la rue est complètement trempée. Je n’ai rien entendu, j’avais mis mes bouchons de peur d’être dérangé par le passage des voitures, du coup je n’ai pas entendu non plus le départ de Sylvain.

Direction Aulnay-en-Saintonge à un peu plus de 30 km. Aujourd’hui le sac me paraît lourd et les petites côtes raides ; ce n’est que le démarrage mais peut-être qu’hier j’ai fait chauffer un peu trop la machine, donc je me calme, j’adopte un pas tranquille.

Le ciel est assez gris il se pourrait qu’il pleuve mais cela reste agréable, la campagne est paisible, pas un bruit. Aurais-je enfin trouvé le « truc » ? Hier soir j’ai encore une fois bricolé mon sac en vue de neutraliser ce couinement juché sur mes épaules ( pas de danger que je me prenne pour Saint Christophe !).

Dans les petits villages beaucoup de maisons ou fermettes en pierre certaines transformées en résidences secondaires d’autres encore en activité. En route une petite chapelle abandonnée donne une ambiance fantastique au chemin. Je viens de m’arrêter pour manger quelques mûres en pensant à Claude, elles étaient très bonnes, j’ai été à bonne école.

Derrière une haie le spectacle étrange d’un homme avec un arrosoir : il ne va quand même pas arroser ce champ immense ! Plus loin deux personnes avec des sacs plastiques : j’ai compris, c’est le ramassage des cagouilles qui doivent se bousculer après les pluies récentes.

Je m’aperçois que je me suis planté, le guide parle d’une antenne, je devrais la voir sur ce terrain quasiment plat. Je coupe à travers les champs labourés : c’est l’aventure ! Je retrouve un chemin balisé qui j’espère est le bon mais mes chaussures pèsent chacune au moins une livre de plus.

10h15 j’arrive à Brioux-sur-Boutonne en même temps qu’une petite pluie fine qui heureusement ne dure pas. Après l’achat d’un sandwich je fais une pause dans le jardin de l’église et j’en profite pour appeler Murielle qui avait proposé de m’héberger quand je serais à Saintes ; je devrais y arriver le 5 septembre ; c’est bon, elle y sera, nous avons rendez-vous devant Saint-Eutrope.

11h45 il y a eu quelques gouttes d’eau que j’ai traitées par le mépris mais elles ne m’ont pas loupé, en quelques secondes c’était le déluge. Pour une fois pas de haie pour me protéger, coincé entre un champ de maïs et un champ de tournesol le temps que j’attrape ma cape et que je me débatte avec j’étais trempé. Trois minutes plus tard le soleil est revenu : pas facile à gérer, je garde la cape sur les épaules au cas où.

Les livres des récits de mes marches vers Compostelle

Midi, grand beau temps, j’ai l’air un peu con avec ma grande cape qui flotte au vent mais au moins comme ça elle va sécher. A Villefollet une vieille dame sur le pas de sa porte me dit « Il pleut de temps en temps mais ça ne mouille pas beaucoup !». J’aurais bien voulu l’y voir ! Une philosophe locale.

13h arrêt sur un banc dans le jardin qui entoure la mairie de Villiers-sur-Chizé : je déguste mon jambon-beurre. Un quart d’heure plus tard je reprends la route, délogé par le vent avec lequel je me suis encore battu pour remettre ma cape. Il y a un côté un peu désespérant à marcher comme cela sans jamais voir personne. Je suis si sûr d’être seul sur ce chemin que je ne réserve plus rien, même si j’ai bien vu sur les livres d’or des refuges ou des églises que nous étions quelques uns sur la route ce ne sera jamais au point de saturer un gîte. Le vent souffle à peu près continuellement dans les hautes haies qui bordent la route renforçant encore l’étrangeté de ce voyage. Suivant le mouvement, des idées tourbillonnent dans ma tête.

A la sortie de La Villedieu une belle borne avec la coquille marque le chemin de Compostelle elle sera suivie de nombreuses autres.

J’arrive à la halte jacquaire d’Aulnay vers 15h30. Je frappe, personne. Un petit panneau me demande de prendre contact avec M et Mme Boureau, j’appelle, personne ; j’appelle la mairie qui me renvoie à l’Office de Tourisme qui me renvoie au premier numéro : « c’est inhabituel, ils répondent toujours, soyez patient ». Après plusieurs tentatives infructueuses je rappelle l’OT : ils sont d’accord pour me garder mon sac en attendant. Ce n’est pas tout près, à la sortie de la ville face à l’église Saint-Pierre que je reconnais tout de suite pour l’avoir déjà visitée avec Hélène. Nous y avions passé un grand moment à admirer les chapiteaux, les porches … , une merveille. Je ne résiste pas à l’envie de m’y reposer, de m’y replonger un long moment, rien ne me presse.

De retour à l’OT pour récupérer mon sac j’apprends que les gardiens du paradis de ce soir viennent juste de rentrer. Je repars vers le centre ville. M et Mme Boureau sont des gens d’un certain âge très sympathiques, très accueillants qui donnent leur temps à tout un tas de bonnes causes : cet après-midi ils étaient de permanence à la banque alimentaire.

17h30 j’entre enfin dans les lieux. J’y suis seul, hier il y avait trois pèlerins, demain ils en attendent déjà trois. Donc il y a quand même du passage, cette année 200 personnes auraient déjà profité du gîte. Le couchage est à l’étage, un dortoir de trois lits superposés, le premier pour ce voyage, cela me fait tout drôle. Au rez-de-chaussée toutes les commodités, même une machine à sécher le linge.

Quand j’ai fini de m’installer je rejoins le centre ville tout proche : tout est fermé même la supérette, pour congé annuel. Il me reste le restaurant. En terrasse et dans la salle je suis le seul Français.

Je rentre à 20h30, je me couche rapidement, je me sens fatigué, physiquement et moralement.

475 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

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