Vers Naintré sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle

Dimanche 30 août,
12e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1476 kilomètres

Naintré
De Dangé-Saint-Romain à Naintré

Nous quittons Dangé-Saint-Romain et nos hôtes si accueillants, il est un peu plus de 8h30, il fait très beau, légèrement frais mais pas besoin de polaire en ce qui me concerne. Aujourd’hui nous visons une étape au sud de Châtellerault mais nous n’avons encore rien retenu.

Dans le ciel devant nous une montgolfière jaune. Nous en avons vu plusieurs ces derniers jours notamment une au-dessus d’Amboise, il est vrai que cette région avec tous ces châteaux doit être particulièrement spectaculaire vue dans haut.

A la sortie de Dangé des vieilles motos et des vieilles bagnoles nous doublent et nous font bonjour. Il doit y avoir un rallye, et, à l’oreille, nous ne sommes pas loin d’un moto-cross. C’est dimanche.

Jusqu’à Ingrandes nous suivons des petites routes de campagne qui longent un moment l’ancienne base américaine transformée en zone industrielle. Cela me fait à nouveau remonter dans le passé, quand j’habitais Joué-les-Tours ; à cette époque beaucoup de camions américains circulaient sur la route que j’empruntais pour aller à l’école primaire, certains nous lançaient des paquets de chewing-gum mais un jour l’un d’eux écrasa notre jeune chien : drame.

A Ingrandes, attirés par le magnifique parterre de fleurs qui la précède nous rendons une petite visite à l’église. Peu après le chemin suit pratiquement tout le temps la N10. Ce n’est évidemment pas notre section préférée mais c’est faisable.

A Châtellerault, une des plus grosses villes depuis Tours, nous pensions nous offrir une petite pause restaurant mais la ville est comme morte, tout est fermé. Un passant a qui nous demandons conseil nous annonce que nous ne trouverons rien, d’après lui c’est comme cela tous les dimanches, ici les gens préfèrent manger chez eux en famille ce jour-là. Nous n’avons aucune provision ; heureusement nous trouvons une charcuterie sur le point de fermer : nous achetons du pâté, Claude a besoin de verdure et complète avec des salades en barquette. Maintenant il nous faut du pain, la première boulangerie n’a plus rien à nous vendre, à la deuxième nous sommes plus chanceux il reste une baguette que nous complétons par deux gâteaux pour bien marquer le côté dominical de cette journée.

Ce n’est décidément pas une ville pour pèlerin, pas moyen de trouver un banc public au calme et à l’ombre pour savourer notre petit marché, peut-être suis-je trop exigeant, pas assez zen, je n’aime pas manger dans le bruit et en plein soleil. Finalement un bistrot sur les bords de la Vienne accepte que nous déballions notre panier sur sa terrasse moyennant l’accord tacite d’une consommation. Il fait très beau, nous dégustons l’instant. Nous en profitons pour organiser notre hébergement de ce soir : nous sommes attendus à Naintré par l’association « La barque » qui nous avait été chaudement recommandée par Jean-Luc. Petit bémol nous avions compris qu’elle était à 5 km de Châtellerault et il s’avère qu’il faut en compter au moins 10 ce qui fera une étape d’environ 27 km, mais pas de problème, nous nous sentons en forme.

Nous quittons la ville par un chemin agréable qui suit la Vienne. Il fait chaud. Nous discutons philosophie. Dans la vie courante nous nous côtoyons souvent dans le cadre de réunions amicales entre voisins mais nous avons rarement l’occasion d’aborder ce genre de sujets sur lesquels nous découvrons que nous avons beaucoup de points communs.

15h nous voilà au pied de la tour du Vieux Poitiers, les restes d’un théâtre gallo-romain du 1er siècle. Au soleil il fait très chaud mais à l’ombre il fait plutôt frais ce qui dans notre état est très agréable. Une petite pause sous des arbres s’impose, chaleur plus kilomètres, la fatigue se fait sentir.

Les livres des récits de mes marches vers Compostelle

Vers 16h nous arrivons à l’embranchement qui quitte le Chemin pour nous mener à Naintré. Nous suivons d’abord une ancienne voie gallo-romaine très paisible mais très rapidement nous rejoignons une route départementale avec une circulation importante due sans doute aux retours du week-end.

Après la traversée du Clain à l’entrée de Naintré nous nous mettons en quête de la fête médiévale où nous avons rendez-vous avec notre interlocuteur de « La barque » au stand des « Amis de Saint-Jacques de la Vienne ». Après quelques errances à suivre bêtement des panneaux destinés aux automobilistes nous arrivons enfin au milieu d’une joyeuse ambiance et des gens costumés. Mais nous ne nous attardons pas, nous sommes pressés de nous poser. Un jeune garçon est délégué pour nous guider en vélo jusqu’au refuge, il y a quand même encore une petite trotte pour y arriver. Aller, un dernier effort !

18h, cela valait la peine, le refuge est très agréable avec un beau jardin, nous sommes accueillis par Marie qui est non voyante. Elle nous offre à boire puis nous accompagne jusqu’à notre chambre, un petit dortoir de trois lits avec tout le confort nécessaire au pèlerin : douche, lavabo, toilettes.

Avec Marie nous sommes les seuls occupants. Nous discutons agréablement pendant qu’elle nous prépare à manger. Nous lui donnons un petit coup de main mais en fait elle se débrouille sans nous. A un moment, d’un seul coup, tout le quartier se trouve plongé dans le noir, plus d’électricité, Marie reprend un net avantage. Peu après tout revient dans l’ordre. Au milieu du repas la présidente de l’association nous rejoint. Elle s’est en fait échappée un instant d’une fête familiale pour faire connaissance et pour tamponner nos crédentiales. Elle ne peut rester qu’un moment mais elle prend le temps de nous raconter son parcours : son mari et elle sont arrivés ici par le Chemin alors qu’ils étaient à la retraite. Ils cherchaient un projet dans lequel s’investir et cette association les a séduits. « La barque » veut développer la mixité sociale, créer du lien par le biais d’activités diverses, couture, repas solidaire … et ce refuge pèlerin. Après le Chemin ils sont revenus pour en savoir un peu plus et finalement ils ont décidé de s’installer à Naintré et de se consacrer à l’association, prenant ainsi à la direction la suite de Marie pour qui cette charge devenait trop lourde.

Le soir Claude et moi avons du mal à nous décider à éteindre, nous discutons jusqu’à près de minuit. Nous en profitons, demain ce sera notre dernière journée de compagnonnage, Claude s’arrête à Poitiers, à environ 30 km, où un couple de ses amis nous hébergera.

349 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

2 réflexions au sujet de “Vers Naintré sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle”

  1. RE : étape Naintré
    Bonjour Bernard, content de vous retrouver. Pour ce passage « stressant » je ne peux guère vous aider, il y a pas mal de choses qui me stressent mais je me soigne : je marche 🙂

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  2. étape Naintré
    Je lis tj avec intérêt et aussi beaucoup d’admiration vos récits.Je les classe en »archives » pour avoir le plaisir de les relire.
    c’est curieux; je croyais avoir lu un passage où il est question de votre stress devant…je ne sais plus quoi. Mais je m’étais alors dit: moi aussi je me sens stressé dans les mêmes cnditions.Et maintenant je ne retrouve plus ce passage. alors….
    Amitiés. B. Briquet

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