Jeudi 20 août,
deuxième jour de marche : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1760 kilomètres
Il est 8h15 je quitte M et Mme Chauveau à Authon-la-Plaine où l’accueil fut très chaleureux, très sympathique.
Hier soir à peine couché je me suis endormi et c’est mon réveil qui m’a sorti du lit ce matin à 7h : toute une nuit d’une traite, j’en avais besoin après cette journée interminable et difficile. Pas une seule courbature, c’est parti pour environ 30 bornes. Aujourd’hui c’est encore la plaine, c’est plat c’est l’avantage, il y a un petit vent qui donne une impression de fraîcheur mais je sens qu’il va faire très chaud.
9h, après avoir traversé Paponville j’atteins le village de La Gare où pendant un moment je longe une propriété avec un bel étang et des cygnes noirs : une vision de fraîcheur qui donne envie de s’arrêter pour se dégager un moment de la chaleur qui s’installe.
Je traverse la plaine en empruntant un maximum de chemins agricoles qui sont pratiquement tous à angle droit : un coup à l’est, un coup au sud, un coup à l’ouest, etc. Ce n’est pas le trajet le plus court mais il permet d’éviter macadam et circulation. Cette ambiance désertique me plait. Peut-être parce qu’elle me rappelle des promenades dans mon enfance lors de vacances en Picardie, ce sont les mêmes étendues de terre travaillée avec ici du blé et là-bas de la betterave et des cimetières militaires.
Un peu au nord de Pussay je rejoins le GR111 que je suis. Le vent est tombé et il fait très chaud. Au croisement avec la grand-route je la longe jusqu’à Angerville que j’atteins vers 11h. Après avoir fait quelques emplettes en prévision de ce soir où il n’y aura ni restauration ni possibilité de se ravitailler je m’offre un « Menu du jour » : crudités, poisson, riz, … tout ce qu’il faut pour remonter le niveau énergétique du marcheur.
J’ai rejoint le tracé « officiel » et dans le restaurant la patronne m’a tout de suite demandé si je faisais le Chemin. Ils doivent donc voir passer des pèlerins, pour le moment je n’en ai rencontré aucun mais ce n’est que le début du voyage.
13h40 je quitte Angerville. Le vent est de retour et le ciel est légèrement couvert, il va faire moins chaud. Devant moi la plaine, la plaine, la plaine…
A Rouvray-Saint-Denis j’avais prévu de prendre la route directe vers Oinville comme proposé par ma carte mais un panneau indique que la route est fermée à la circulation ; le village est désert et je ne trouve personne pour me dire si les piétons peuvent passer. Peut-être que ce barrage est dû aux champs d’éoliennes, il y en a plein dans la région. Je ne perds pas plus de temps et je me dirige vers Armonville-le-Sablon, ce qui fait sensiblement la même distance. [De retour chez-moi, après le voyage, j’ai pu vérifier que la route avait été comme sectionnée ; sur la carte on voit deux moignons se terminant en cul-de-sac avec entre les deux un vide : qu’y a-t-il là-bas ? Mystère.]
Un peu avant 16 h, Armonville-le-Sablon. D’après les panneaux je suis à 3.5 km de Oinville, ça va être assez rapide. Le temps a fraîchi, il y a encore du vent, un pays à éoliennes. Toujours cette plaine, les éoliennes, des forêts de poteaux à haute tension, personne, j’en arriverais à souhaiter du passage sur la route, mais je ne trouve pas ça déprimant. J’y vois plus un côté fantastique, irréel, genre rencontre du troisième type. Ces grandes créatures qui brassent l’air dans un bruissement étouffé, ces autres qui étendent silencieusement leurs bras en croix et moi qui circule seul et minuscule à leur pied, j’ai l’impression de baigner dans de l’énergie, ça me dope.
16h30 me voilà à Oinville-Saint-Liphard. Le clocher est typique de la région : comme un petit donjon à base carrée avec un toit en ardoise à deux pans, peut-être des anciennes églises fortifiées. Tout autour de la ville des éoliennes. En route la même plaine infinie où j’ai essuyé quelques gouttes. Du coup il fait un peu plus frais, le ciel est couvert mais avec des grandes zones de bleu. Espérons que demain il fera beau, la chaleur ce n’est pas facile mais l’idée de marcher sous la pluie à découvert au milieu de cette plaine ne m’inspire pas. Il ne me reste plus qu’à trouver ma chambre, au « Détour Beauceron ».
C’est dans une ferme, je suis accueilli par les enfants, les parents sont encore au travail : chambre spacieuse, belle salle de bain. Je me prépare un repas gastronomique en mélangeant une demi-boîte de ratatouille et une demi-boîte de ravioli réchauffées au micro-onde que je déguste en plein-air sur une table qui m’attend devant ma porte : calme et volupté.
L’accueil est très succinct, mes hôtes étant sans doutes trop occupés par leurs autres activités, mais ils viennent jusqu’à moi pour compléter mon menu avec quelques tomates et quelques prunes : ceci compense cela.
Je me couche à 20h30. Pour demain je n’ai rien réservé, j’envisage d’aller jusqu’à Orléans, à environ 45 km. C’est un peu ambitieux mais Artenay, étape proposée par mon guide, est trop près maintenant que j’ai largement dépassé Angerville, de plus je n’ai aucune information sur des étapes possibles avant Orléans. Donc je m’en remets à mes jambes et au hasard, certains diraient à la providence. Orléans est une grand ville et je compte sur l’Office de tourisme pour trouver un hébergement abordable, il y a bien une auberge de jeunesse mais elle est très excentrée et j’aimerais bien visiter un peu la ville. Il faut donc que je n’arrive pas trop tard, donc que je parte tôt : demain lever 6h15, l’hyper-activité de mes hôtes a aussi ses avantages : ils sont matinaux, ce qui n’est pas toujours le cas dans les chambres d’hôtes.
RE : 2ème jour
Toi aussi tu débrouilles bien : déjà 2 étapes en une seule journée !
2ème jour
Dis donc marcheur et philosophe…
Je te suis de près, Rouvray est l’hébergement des filles à 4 pattes lorsque nous partons qq jours « en découverte » de jolis lieux, mais nous en dégageant du C02 nettement plus que toi.
Je m’habitue aux éoliennes qui habillent un peu le paysage
susie
Pour Hélène
C’est à travers de tels échanges que la spiritualité inspirée par le Chemin devient évidence.
Re: Oinville-Saint-Liphard
Et, comme nous le savons, Sancho pensa :o)
Pour Sancho (il se reconnaitra)
Surement effrayés par ma présence certains s’arrêtaient de tourner à mon approche.
Re: Oinville-Saint-Liphard
pas étonnant qu’il y ait un petit peu de vent** dans le coin avec tous les ventilateurs qu’ils ont mis dans le paysage.
** en fait bien trop peu pour ce genre de géants pour Don Quichotte !!!