Samedi 18 octobre,
54e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 132 kilomètres
Je quitte Samos en principe je suis à 5 jours de Santiago.
Il est 8h15, il fait beau, un peu frais mais pas trop et il fait encore nuit. Il y a encore deux variantes vers Sarria, une qui rejoint Calvor par de petites routes et des sentiers, ou, celle que j’emprunte, qui suit la grand-route, sans doute moins agréable mais de nuit je ne risque pas de me perdre.
J’ai toujours ce petit problème à la cuisse gauche, j’espère que ça va aller, il faudra bien que ça aille mais le rythme risque d’être plus lent.
Comme je le disais hier, cela commence à être long. En fait il me tarde d’être chez moi. J’ai l’intention d’aller jusqu’au cap Finisterre mais avec cette jambe qui renâcle je ne sais plus. On verra, tout dépend d’elle et de la motivation qui me restera le moment venu.
Un peu avant 10h30 je suis à Sarria. A l’entrée de la ville un petit rigolo me dit que Santiago est dans l’autre sens…
Sans doute parce que c’est samedi la ville est déserte et il faut atteindre la partie haute pour lui trouver un peu d’intérêt. C’est d’ici que beaucoup d’Espagnols partent pour accomplir les derniers 100 km du Chemin, le minimum à parcourir à pied pour pouvoir obtenir la Compostela, ça plus le week-end il se pourrait qu’il y ait plus de monde que d’habitude sur le chemin.
Vers midi j’atteins Barbadelo qui se résume en fait à une église, son cimetière et pratiquement rien autour. Le plus étrange c’est qu’il n’y a pas non plus de pèlerins, je suis seul, personne dans les maisons, personnes dans les champs, personne sur le chemin.
Un peu plus loin je trouve un bar où je peux déguster une « tortilla » française qui se distingue de l’espagnole par l’absence de pommes de terre. Cette fois-ci je ne vais pas voyager presqu’à jeun.
Un peu après Ferreiros je rattrape deux dames, une Italienne et une Française, cette dernière avance avec une branche en guise de béquille et sa compagne porte son sac. Une voiture passe et je demande si elle peut les aider, mais en fait elles se dirigent vers une auberge à environ 2 km qui est inaccessible en voiture de tourisme. Avec un autre pèlerin nous proposons d’emporter le sac à dos de l’éclopée jusqu’à l’auberge, et nous voilà partis, portant le sac 10 minutes chacun notre tour. En route nous croisons la borne qui marque les cent derniers kilomètres avant Santiago : ça fait quand même quelque chose, j’y suis presque ! Je ne suis pas le seul à ressentir une petite émotion : la borne est complétement taggée. Le portage est un peu laborieux, de temps en temps il faut composer avec un troupeau de vaches mais nous finissons par arriver au but où nous nous offrons une bière en guise de récompense. Nous repartons sans attendre les dames.
Peut après je rejoins l’Italienne et le Serbe rencontrés du côté de Ponferrada. Nous atteignons Portomarin vers 18h30 : arrivée spectaculaire avec ce grand pont sur le Miño. Il y a dû y avoir un village englouti, ce qui donne un paysage assez tourmenté.
L’auberge pour pèlerins est en haut de la ville L’épisode du portage de sac m’a peut être un peu fatigué car la fin de l’étape me paraît longue.
Vu l’heure tardive je n’ai pas vu grand-chose de la ville en elle-même, au centre, non loin de l’auberge, de nombreux bars sont envahis par des autochtones qui fêtent bruyamment le samedi soir. Je trouve un restaurant qui donne sur la rivière, quelques compagnons de route m’y ont précédé ; un match de foot sur une télé à fond donne le ton à l’ambiance générale mais heureusement la terrasse est au calme.
Le soir je désosse complètement mon sac et je règle une par une chaque courroie : il faut que je vienne à bout de ce problème.
portomarin
En fait les édifices ont été démonte et reconstruit sur la colline avant la mise en eau de la retenue
Philippe