Samedi 25 octobre,
1e jour : Le Cap Finistere est à 32 kilomètres
Je quitte Olveiroa.
Le chemin est très agréable, toujours dominé par les éoliennes il traverse des étendues de bruyères, des prairies et des forêts tantôt d’eucalyptus tantôt de pins.
Peut après Hospital une borne double marque la séparation du chemin vers Muxia et de celui vers Fisterra : il reste à peine 30 km pour y être.
En route L’ermitage de « Nuestra Señora de las Nieves » (Notre Dame des Neiges), le temps ne doit pas toujours être aussi clément qu’aujourd’hui, puis celui de San Pedro Martir, et bientôt j’aperçois la mer. Emotion. Je dépasse une Allemande qui fait une pause à l’écart face à l’océan. Ce soir j’apprendrai qu’elle vient à pied d’Heidelberg et que là, elle s’est arrêtée pour pleurer, envahie par l’émotion. Nous avons de la chance, il fait un temps magnifique, la mer renvoie des reflets du soleil.
A l’entrée de Caminos Chans je ne vois plus les flèches, je demande mon chemin à des enfants qui jouent sur une place : « Camino ? ». Ils m’indiquent la droite, je commence à m’engager dans cette direction quand j’entends des cris derrière moi, je me retourne, une vieille dame me fait des grands signes dans la direction opposée. Je reviens sur mes pas et lui explique que les enfants m’ont envoyé de l’autre côté. Elle hausse les épaules, fait une petite moue et secoue la tête d’un air entendu.
Me voilà au niveau de la mer, pour fêter l’événement je fais une pause bocadillo dans un bar face à l’eau.
Le chemin suit ensuite le bord de la ria pour traverser Cée puis Corcubion. L’ambiance est celle des villes balnéaires.
A Corcubion le chemin escalade la colline à travers la ville. Je m’égare dans les petites rues mais encore une fois des autochtones me remettent dans la bonne direction. Peut après le sommet une auberge pour pèlerins d’où provient des échos de musique classique. Il y a un grand jardin, des pèlerins sont installés, les uns étendus au soleil, les autres en train de lire à une table, l’hospitalière est assise parmi eux, me fait des signes et me demande si je compte rester ici. Je réponds d’abord non puis je me laisse tenter, j’entre et je m’installe. J’avais décidé d’aller jusqu’à Fisterra mais le coin à l’air sympathique, je vais prendre mon temps. Demain j’aurai toute la journée pour faite les 12 derniers kilomètres et profiter du cap, du bout du monde. Je renonce à Muxia qui m’obligerait à faire le forcing pour être sûr d’avoir le bus du soir : autant en profiter et ne pas prendre de risque.
Le gîte n’a qu’une vingtaine de places et se remplit rapidement, l’hospitalière, Anna, est très accueillante, elle connaît rapidement tous les prénoms et on se sent comme en famille. Le soir elle nous a fait la cuisine pour un repas collectif. Nous sommes tous autour d’une grande table, des Australiens, des Allemands, des Canadiens, une Française qui arrive à pied de Grenoble et bien sûr des Espagnols. L’ambiance est très chaleureuse, le tout sur un petit fond de musique classique qui ajoute un côté à la fois solennel et élégant à cette dernière soirée de pèlerins : demain soir, à Saint-Jacques, ce sera déjà une soirée sur le chemin du retour.
Le dortoir est lui aussi musical, tous les lits grincent et à chaque fois que quelqu’un se retourne il ajoute son improvisation à l’orchestration générale. Mais rien ne me perturbe : demain le bout du voyage, une fin mais aussi un aboutissement.
Pour Lise
Heureux d’avoir pu vous être utile.
Buen Camino
Pierre
Camino Francès
Bonjour,
J’ai adoré votre récit et pour les informations. Je suis bien impressionnées par les distances que vous avez parcourues. Je me prépare à faire le chemin à partir du 1er septembre. Votre récit m’aide aussi à évaluer la température. Je n’avais pas réaliser qu’il pouvait faire aussi frais.
Brûler ses chaussures
Bonjour Bernard,
Et bien non. Je sais que c’est sensé être une tradition, mais en fait d’une part il ne me resterait plus qu’une petite paire de nu-pied et j’ai encore des kilomètres à faire (rejoindre le bus de puis le cap, environs 3 km, puis à Saint-Jacques il faudra trouver à se coucher puis revenir à la gare routière) et d’autre part je n’ai vu personne le faire même s’il y avait quelques traces de feu dans les rochers. Et pourquoi immoler ainsi de si fidèles compagnons ?
Re: Corcubion
C’est demain que tu fais brûler tes chaussures ?