Samedi 29 août,
11e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1500 kilomètres
Aux environs de 9h, il fait un temps magnifique mais frais et la chemisette est un peu juste.
Après cette excellente soirée la nuit fut paisible si ce n’est quelques moustiques qui ont fait la sarabande. Notre hôte, Jean-Luc, vient de nous déposer à la sortie de Sainte-Maure à proximité d’une étrange croix entourée d’une sorte de déambulatoire. En route vers Dangé-Saint-Romain.
Un peu plus loin nous croisons le dolmen des Bommiers qui serait l’un des mieux conservés de Touraine ; puis c’est un menhir, la Pierre percée, où d’après la légende les amoureux viennent échanger des serments.
Le chemin traverse l’autoroute, frôle le village martyr de Maillé, retraverse l’autoroute puis repart dans la campagne. Il ne fait plus frais du tout, il fait très beau, chaud. La campagne est un peu vallonnée avec ici est là de beaux arbres, des champs de tournesols prêts à être récoltés, des terres moissonnées, des terres déjà labourées. Le chemin suit de toutes petites routes agréables mais sans ombre.
11h, la Celle-Saint-Avant, la boulangerie est fermée, la charcuterie est fermée, le restaurant est fermé, c’est le grand désert. Heureusement le tabac-presse fait dépôt de pain et propose quelques bricoles. Nous ne faisons pas les difficiles, d’ici midi nous ne trouverons probablement pas mieux, nous nous ravitaillons.
A la sortie de la ville un champ comme ensemencé de petites fleurs diverses et multicolores, c’est très beau, on dirait un tableau de Monet. Est-ce que ce sont les habitants du lotissement qui lui fait face qui ont eu cette belle idée ou simplement le vent qui a assemblé ici quelques graines picorées aux alentours ?
13h45 nous quittons une aire de pique-nique avec un petit étang près de Port-de-Piles. Elle dessert la N10 qui passe à proximité. Il faut croire que le coin nous a séduit car malgré son côté formaté avec tables et poubelles et le passage d’un train à peu près toutes les 5 minutes nous venons d’y passer plus d’une heure pour une pause casse-croûte et une petite sieste. Il y avait un air de vacances à se mélanger aux autres utilisateurs, aux voitures faisant un arrêt rapide à côté des toilettes, à celles sortant nappe et panier repas, aux enfants courant pour se dégourdir les jambes ou aux chiens cherchant la trace d’un congénère. Je réalise soudain qu’Hélène et moi nous nous y sommes arrêtés récemment. J’ai longtemps habité Bordeaux et j’y ai de la famille. Le nombre de mes aller-retour entre la région parisienne et cette ville dépasse probablement la centaine. Généralement nous empruntons l’autoroute mais il nous arrive de reprendre la Nationale (comme aux temps héroïques où il fallait parfois la journée, les jours de «grands départs», pour faire le trajet) dans un sursaut «écologique» ou «économique» ou juste pour flâner. Cette fois-ci nous revenions de Bordeaux par la voie des écoliers avec un détour très agréable par Périgueux. C’est une sensation étrange de faire ce trajet à pied, à ce rythme si lent mais têtu, par un itinéraire pratiquement inconnu où tout est à redécouvrir.
15h Les Ormes. Nous faisons un petit tour de ville jusqu’à la Vienne ; un mariage et tous ses invités attendent devant l’église. Je suis passé bien des fois en voiture devant le château sans jamais m’arrêter pourtant le long mur blanc avec son fronton imposant qui borde la Nationale m’a toujours intrigué. Il aura fallu que je sois à pied et la curiosité insatiable de Claude pour que je prenne le temps de le voir de plus près. Il faut le mériter, le portail est fermé, je téléphone : oui, c’est bien ouvert mais il faut attendre que la visite en cours se termine, on viendra nous chercher. Nous patientons assis sur le trottoir face au portail, nous avons le temps nos hôtes de ce soir nous ont demandé de ne pas arriver trop tôt, ils ont des courses à faire.
Notre guide apparaît enfin. Si j’ai bien compris il est à la fois le gardien du domaine et participe à certaines restaurations. Ce n’est pas un guide professionnel mais si plus de détails historiques auraient été les bienvenus la visite s’avère intéressante et plaisante. Le château a accompagné le famille d’Argenson jusqu’à une époque récente et le propriétaire actuel a entrepris de le restaurer, les meubles des pièces d’apparat ne sont pas tous d’époque mais ont été choisis avec harmonie, c’est réussi. On découvre aussi avec intérêt les immenses cuisines et l’ancienne glacière dissimulée dans le parc.
Environ une heure plus tard nous quittons Les Ormes et recroisons le mariage qui cette fois sort de l’église.
A Dangé-Saint-Romain vers 17h c’est encore un mariage qui nous accueille devant l’église. Ce soir nos hôtes nous expliquerons qu’il faut échelonner les cérémonies dans la journée car un seul prêtre est en charge de toutes ces paroisses. Je suppose qu’il ne prend pas le temps de participer à chaque vin d’honneur.
Une passante nous indique comment nous rendre chez nos hôtes. Elle les connait très bien, c’est à côté. Avec l’habitude de la voiture les gens oublient souvent ce que les expressions « à côté » ou « à 5 minutes » signifient quand on est à pied. Nous avons l’impression de sortir de la ville. J’appelle, « Où êtes-vous ? », « Nous avons traversé la voie de chemin de fer, en direction de Descartes » « Oh là là, ce n’est pas du tout la direction. Ne bougez pas, on est en train de rentrer ; on vient vous chercher ».
Un peu plus tard nous voilà chez Marie-Bernadette et André. Ils sont tous les deux retraités et font occasionnellement l’accueil de pèlerins dans un cadre paroissial. Ils sont très chaleureux, on se croirait chez soi, la maison nous est grande ouverte, on peut y circuler librement et ils sont très discrets, nous laissent le temps de nous installer.
Le soir nous sommes conviés à partager un apéritif puis le repas. Nous sommes traités en invités. Marie-Bernadette et André ont déjà reçu de nombreux pèlerins, la plus part du temps seuls et étrangers, Norvégiens, Américains, Italiens… J’espère que nous laisserons nous aussi un bon souvenir. La soirée s’écoule paisiblement à discuter bien sûr du Chemin (comment m’en empêcher !) mais aussi simplement de la vie en général : confitures, voyages, famille…
Nous n’avons pas encore décidé qelle sera notre étape de demain, Chatellerault n’est qu’à 18 km mais pour Poitiers cela ferait plus de 50 km, ce qui n’est pas envisageable. Munis des précieuses listes de Jean-Luc nous improviserons, jusqu’à présent cela ne nous pas trop mal réussi.
Décidément ce Chemin est très différent du précédent, plus «personnel». Dans la journée on ne croise pratiquement personne et le soir ce sont des rencontres avec ceux qui habitent le Chemin, et non pas avec ceux qui le parcourent. Peut-être est-ce simplement moi qui ai changé de mode d’emploi.
RE : champs de fleurs
Merci pour ces précisions. C’est une des occasions où les agriculteurs méritent bien le terme de « jardiniers du paysage ».
champ de fleurs
Dans le cadre de la politique agricole les agriculteurs sont encouragés a cultiver des « jacheres fleuries » interessantes pour la pollinisation des cultures
Pour Steven
Suite à votre remarque j’ai regardé sur le web et j’ai trouvé un article » Créer des autoroutes de fleurs sauvages pour les insectes » ( http://www.7sur7.be/7s7/fr/2668/Especes-Menacees/article/detail/1249610/2011/04/12/Creer-des-autoroutes-de-fleurs-sauvages-pour-les-insectes.dhtml )
Champs fleuris
Il me semble que, outre le plaisir des yeux et des narines, ces champs de fleurs sont là pour les abeilles afin de produire du miel « de fleurs » mais je ne suis pas du tout un spécialiste !