Mardi 25 août,
7e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1595 kilomètres
8h30, me revoilà à Chaumont après avoir quitté la chambre d’hôtes de Onzain. On sort de la ville en longeant les écuries du château. Je ne suis pas en avance, il pleuvine, j’ai sorti la cape. Donc direction Amboise à environ 23km. Il faudrait que j’y sois avant 15h sinon la chambre n’est plus garantie.
Dans « chambres d’hôtes » il y a le mot chambre mais aussi le mot hôtes ce qui n’apparaît pas toujours au premier coup d’œil. L’accueil était courtois et sympathique mais côté conversation ce n’était pas envahissant ; avec mon état de manque j’en demande sans doute trop.
9h45 je viens de faire un petit stop : j’avais un ongle qui entaillait l’orteil voisin, j’ai résisté un moment à la douleur mais le plus simple était quand même de régler le problème. Mettre le pied à l’air, retrouver les ciseaux dans le sac, puis les ranger après l’intervention chirurgicale, se rechausser : c’est comme aux 24h du Mans, il ne faut pas perdre une minute, cette histoire d’hôtel me stresse. Encore une leçon à retenir, je n’ai pas été assez attentif à ce détail de mon anatomie. En fait par la suite je ne sais pas s’ils seront limés par les chaussettes mais la pousse va pratiquement s’arrêter. Sinon il ne pleut plus : j’ai rangé la cape mais cela reste très couvert.
10h vers le domaine des Pierrettes. Depuis mon histoire d’orteil je suivais un couple de randonneur que je grignotais petit à petit et j’allais les dépasser quand l’homme s’est arrêté pour regarder s’il avait quelque chose dans sa chaussure (à moins que les problèmes d’ongle ne soient contagieux dans la région! ) : technique d’évitement ?
Je viens d’être croisé par un tricycle où le conducteur roule couché. Derrière il avait tout son barda et au-dessus un grand parapluie fermé, je ne sais pas ce que ça donne par grand vent mais le conducteur était tout souriant, l’air heureux.
10h15 les Baudries, un ancien petit lavoir avec une table, des WC, accueillant : le Chemin commence à s’équiper pour le jacquet.
10h20 il repleut un peu plus sérieusement, j’ai remis la cape.
10h25 il ne pleut plus.
Me revoilà sur les bords de la Loire. Mis à part les épisodes de pluie il fait un temps idéal pour la marche. Le chemin suit la piste cyclable et sauf un petit passage en forêt c’est donc toujours du goudron. Par ce temps frais ça va, c’est plus « roulant », mais quand il fait chaud ce n’est pas l’idéal ça réverbère la chaleur et ça chauffe les pieds. A part quelques rares cyclistes il n’y a pratiquement personne, la pluie a dû en refroidir plus d’un.
11h – 11h15 petit arrêt sur les bords de la Loire pas loin de La Poterie. Il ne pleut plus j’ai tout enlevé mais le temps est maussade.
11h30 je sors du village de la Barre ; juste avant j’ai vu arriver sur ma gauche le couple de randonneurs que j’avais doublé ce matin : rien ne sert de courir …
Ici et là on voit apparaître des petits auto-collants et des signes peints avec la coquille Saint-Jacques : décidément le Chemin commence à vivre.
13h30 je viens de faire une petite pause d’un quart d’heure : dégustation d’une pomme, 15cm de pain et un petit pack de confiture à l’abricot, un festin ! Peu après je travers l’Arsendrie avec son église et ses belles petites côtes casse-pattes. Il doit rester environ 3 km, je devrais être dans les temps.
13h40 je croise le panneau « Amboise » : j’y suis! Il faut quand même aller au centre ville. Il pleuvine.
14h30 je suis dans la chambre. Contrat tenu. En attendant Claude, lessive, petite sieste puis au cas où le ciel gris se transformerait en déluge, petit tour de ville.
Claude est arrivé avec le soleil dans ses bagages : nous ressortons pour visiter la ville qui, avec le beau temps, grouille de touristes aux quels nous nous mêlons.
Tout d’abord le château. Je l’avais déjà visité il y a … 50 ans à un âge où la mort de Charles VIII dit l’Affable suite à sa rencontre violente avec le haut d’une porte ainsi que « balcon des pendus » m’avaient beaucoup impressionné. Je dois avouer que je n’ai pas reconnu grand chose. Le site est très bien restauré, le parc agréable, mais le plaisir de la découverte n’a pas été à la hauteur des exorbitants 9,5 euros d’entrée. A noter l’émouvant petit cimetière où sont enterrés Abd El Kader et des membres de sa suite décédés ici pendant leur captivité.
Ensuite le Clos Lucé « dernière demeure de Léonard de Vinci ». J’avoue que là encore j’ai été déçu, déception aggravée par le coût astronomique de l’entrée : 12,5 Euros ! Claude, infatigable visiteur de tout ce qui est accessible (j’allais dire « offert » ! ) à sa curiosité, en a convenu : ce n’est donc pas uniquement mon scepticisme habituel qui est en cause.
Le soir pizzeria, en entrée une salade puis des pâtes le tout arrosé d’un petit vin blanc. Rien d’extraordinaire mais pour une fois que je ne dîne pas seul tout m’a paru « royal ».
Pour demain j’ai proposé à Claude de faire étape à Vouvray. C’est à 18 km environ, cela lui permettra de se mettre en jambe et de se tester avant des distances plus longues, et puis ce nom évoque des plaisirs que nous pourrons prendre le temps de découvrir : dans le Val de Loire ne s’écoule pas que de l’eau !
Pour Steven
Beaucoup de parisiens n’ont jamais visité la tour Eiffel, donc …
Je ne suis pas un expert en architecture, je suis plus attiré par l’histoire, les anecdotes, l’imaginaire, le symbolique la dame de beauté, … Et donc à brule pourpoint (pour rester dans l’époque !) je me souviens d’avoir été impressionné par des œuvres de Bernard Palissy, peut-être les premières que je voyais, la concrétisation de l’imagerie de mes livres d’histoire où il brulait son plancher pour poursuivre son rêve.
Je me souviens aussi d’interdits multiples concernant la préservation des planchers ??
Bref pas grand chose qui puisse vous aider. Il serait préférable d’aller voir par vous même.
Sinon, en ce qui me concerne, mon dernier métier, vous avez mis dans le mille, était orienté vers Internet, du temps où cette technologie était nouvelle pour tout le monde.
A bientôt, … je suppose
Honte
C’est la maison ou j’ai grandi, celle de mes parents qui se trouve dans ce coin-là et en plus de 15 ans j’ai honte d’avouer que je n’ai jamais visité le chateau d’Anet (!)…
Chez nous il a la réputation de n’être beau qu’à l’extérieur, hormis la chapelle et son fameux dallage… Le mieux est sans doute que je finisse par me décider a y aller pour voir de quoi il retourne ! Qu’en avez-vous pensé?
En tous les cas, si j’ai appris mon métier avec les compagnons tailleurs de pierre du devoir j’ai décidé de suivre ma propre voie, et non celle du tour de France… Pour tout un tas de raisons!
J’en profite pour satisfaire ma curiosité ; quel est ou était votre domaine, votre métier ? J’ai remarqué que vous semblez très calé en ce qui concerne la fabrication d’un site internet, sans parler de votre œil de lynx qui déniche les détails a photographier…
Pour Steven
Bonjour compagnon asynchrone de route (et peut-être du devoir ?).
Nos ressentis sont assez proches, ainsi que nos demeures. J’ai visité à plusieurs reprises le château d’Anet, celui de la « Dame de beauté ».
Cordialement
Amboise
Il est vrai que le clos Lucé (que j’ai visité il y a un mois a peine) est très décevant… « Attrape-nigaud » est l’expression qui m’est venue a l’esprit en contemplant les pâles « remakes » des inventions de Léonard même pas fonctionnelles, et je ne parle même pas des multiples souvenirs vendus a prix d’or aux touristes désireux de ramener des trophées au bercail.
Le chateau d’Amboise en revanche m’avait vraiment convaincu, surtout la petite chapelle saint Hubert et sa frise qui a émerveillé le tailleur de pierre que je suis ! Nous sommes bien loin du coup de ciseau de nos anciens…
Je ne savais pas que la voie de Tours passait a Amboise. J’y repasserai donc sans doute puisque mon second chemin, comme le vôtre, commencera du seuil de ma porte, du côté d’Anet. Il me semble d’ailleurs, si mes calculs sont exacts, que nous sommes pas loin d’être voisins, si l’on peut dire!
Amitiés,
S.