Mercredi 15 octobre,
51e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 199 kilomètres
Départ de Cacabelos en direction de Vega de Valcarce. Il fait très beau, le ciel est très clair, il fait frais.
Le problème en ce moment c’est le séchage du linge. Hier malgré une arrivée en milieu d’après-midi et un beau soleil, rien n’a séché, j’étale mes oripeaux sur le sac.
De Cacabelos jusqu’à Villafranca del Bierzo le chemin est peu accidenté et toujours très agréable à travers les vignes.
A Villafranca del Bierzo je fais un petit détour par la « chapelle du pardon », on ne sait jamais : les pèlerins malades ou mourants qui ne pouvaient pas poursuivre leur voyage y obtenaient leur indulgence comme s’ils avaient été jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. Me voilà pardonné pour tout, remise à zéro des compteurs ! La ville en elle-même est assez agréable même si sa traversée paraît interminable.
A la sortie nouveau choix entre une variante qui monte sur les hauteurs, qualifiée d’exténuante par le guide, et une autre qui suit la nationale. Je ne suis pas là pour en baver, je choisis la facilité.
Le long du chemin beaucoup de châtaigniers dont certains, au tour de taille impressionnant, doivent avoir un âge vénérable. Un pèlerin ramasse des châtaignes sur le chemin, sans doute en vue d’une petite gourmandise pour ce soir, quand surgit un autochtone qui lui demande de tout lâcher : il semble pourtant y en avoir à profusion et celles-ci sont sur la voie publique, mais peut-être en a-t-il assez de se voir rafler sa récolte par ce nouveau genre de sauterelles.
Dans un café à Trabadelo un client s’approche de moi et me signale qu’il a sa photo dans le guide que je suis en train de feuilleter. Je confirme c’est bien lui, sans la vache qui l’accompagnait le jour de la prise de vue : une vedette locale.
A Véga de Valcarce le gîte est assez sommaire, douches à l’eau froide et cuisine sous-équipée. Des pèlerins m’ont proposé de partager le repas qu’ils vont préparer mais il y a un peu de tension entre plusieurs groupes : il n’y a qu’une casserole. Seule solution si on ne veut pas manger à 11h du soir, composer un repas commun avec les provisions de tout le monde. Sans que ce soit la soupe à la grimace, l’ambiance n’y est pas, chacun se sent frustré par ce menu forcé.
En soirée le ciel s’assombrit de plus en plus, ça sent la pluie et demain c’est la montée à l’O Cebreiro, 800m en 12 km, ce n’est vraiment pas le moment !