De Leòn à Hospital de Orbigo – Chemin de Compostelle

Samedi 11 octobre,
47e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 329 kilomètres

Hospital de Orbigo
De Leòn à Hospital de Orbigo
Virgen del Camino - Détail
Départ de Leòn au petit matin

Leòn, 7h30, j’ai quitté l’auberge des Bénédictines vers 7h15. Le petit déjeuner compris dans la donation fait gagner du temps, pas besoin de partir en quête d’un bistrot ouvert. Il fait nuit mais avec l’éclairage urbain pas de problème. Beaucoup de pèlerins ont pris la route et je trouve ça sympa tous ces gens qui partent en groupe, par paire ou seul. On croise quelques travailleurs matinaux qui rejoignent leur lieu de travail (ou qui en reviennent !). Les éboueurs et les agents de propreté sont à l’action. A Leòn, tout du moins dans le centre, les trottoirs sont très larges, les rues piétonnes aussi, la ville est équipée de petites camionnettes qui peuvent monter sur les trottoirs, c’est très propre.

J’ai remis mon sac à dos avec plaisir, hier quand j’ai visité la ville en « civil » je me suis payé un mal au dos pas croyable, là j’ai tout mon barda et je me sens bien.

Je repasse devant San Marcos, le chemin va sortir de la ville.

La nuit fut calme, le tousseur ne s’est pas manifesté ou alors mes protections auditives ont été efficaces. Je ne sais pas si le dortoir était chauffé ou si ce sont les calories dégagées par  tous ces corps de « sportifs de haut niveau » mais cette nuit je me suis senti fiévreux et ce matin j’ai la goutte au nez. J’espère que je n’ai rien attrapé.

Je viens de passer sous un affichage numérique qui indique 10°, c’est relativement doux.

La Virgen del Camino - détail

8h15 nous sommes en train de sortir de la banlieue de Leòn, je dis nous parce qu’une équipe vient de se former avec Erling le Danois, une jeune femme d’origine asiatique, Ann, qui vient de Californie et moi. Depuis la sortie de la ville j’entendais que j’étais suivi. En jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule j’ai reconnu Erling. Je les ai attendus et nous sommes repartis ensemble. J’avais déjà aperçu Ann à l’auberge de Mansilla de las Mulas et lors de mes déambulations dans Leòn. En fait ils cherchaient à me rattraper, Ann avait envie de «marcher vite» et de s’accrocher à mon pas.

A un moment nous perdons les signes. Je demande notre chemin à une station service, comme toujours malgré mon espagnol plus qu’hésitant le mot magique « camino » fait son effet et nous revoilà dans la bonne direction.

A la sortie de Leòn, le Sanctuaire de La Virgen del Camino (La Vierge du Chemin) : c’est une église très moderne, style Le Corbusier, où ont été déposés des objets pieux anciens. Le contraste est fort mais n’est pas choquant. Ann a entendu dire que pour démasquer les fraudeurs qui utilisent le bus plutôt que leurs jambes, il est désormais exigé d’avoir au moins deux cachets par jour sur sa crédentiale pour obtenir le certificat du pèlerin à Saint Jacques. Je lui fais remarquer que d’une part nous faisons ce voyage pour nous et que nous n’avons pas besoin de  prouver quoi que ce soit aux autres et que d’autre part rien n’empêche les petits malins d’obtenir un cachet en faisant un arrêt entre deux bus.  Mais rien n’y fait, elle veut être sur de revenir avec son diplôme. Tout en visitant l’église nous cherchons s’ils apposent des tampons : rien.

 

Après le sanctuaire il y a le choix entre deux chemins, celui qui suit la route et celui qui passe dans la campagne par Chozas de Abajo. Nous optons pour le plus cout, en longeant la route.

A San Miguel del Camino pause café. Ann en profite pour enrichir sa crédentiale d’un nouveau cachet apposé par le cafetier : elle repart le cœur léger.

La Virgen del Camino - façade
La Virgen del Camino - intérieur

Peu avant midi nous arrivons devant l’auberge de Villadango del Paramo perdue au milieu de nulle part. Ann suit le programme espagnol (celui qui tient sur une page, j’en profite pour en faire une photo) et c’est là qu’il prévoit de faire étape. Le rythme soutenu de cette vingtaine de kilomètres, maintenu à sa demande, l’a vidée. Elle aimerait poursuivre le Chemin en notre compagnie, elle a été contente d’avoir l’occasion de marcher assez rapidement. Erling et moi hésitons, cette matinée était agréable,  tous les trois nous formons une bonne équipe, mais il n’est même pas midi et ici il n’y a vraiment rien à faire à part se reposer. Nous abandonnons Ann. Peut-être nous retrouverons-nous plus tard. Devant la porte de l’auberge j‘aperçois Julien qui attend l’ouverture. Je le retrouverai à Samos et lui demanderai pourquoi il s’était arrêté si tôt : il attendait juste de pouvoir profiter de la cuisine puis il est reparti, un vrai routard.

Comme ce matin le chemin suit la grand route, il est très plat, permet de maintenir un bon rythme , mais le bruit des voitures est quasi permanent.

Hospital de Orbigo - Le pont

Arrivée vers 15 h à Hospital de Orbigo : l’entrée dans la ville par le grand pont est magnifique.

Nous faisons étape à l’Auberge San Miguel. Le dortoir est pratiquement déjà plein, je me retrouve encore sur un lit du haut près de la porte. Un bruit circule comme quoi une des autres auberges de la ville héberge également des punaises, nous avons donc fait le bon choix mais cette rumeur explique peut-être cette surpopulation.

J’avais raison de me méfier des lits en hauteur, encore une fois le voyage a failli s’arrêter ici ; en descendant je rate un barreau de l’échelle et je dégringole. Heureusement pendant la chute j’agrippe au passage tout ce que je peux et je n’arrive pas trop brutalement au sol. Plus de peur que de mal.

Les livres des récits de mes marches vers Compostelle
Albergue San Miguel : atelier de peinture

A part le pont le reste de la ville ne présente pas un grand intérêt, pas facile de passer le temps. L’hospitalier a trouvé une parade, il met à disposition des pèlerins tout un équipement de peinture : chevalets, toiles, peintures, pinceaux,… Chacun peut s’exprimer, les murs sont couverts d’œuvres laissées par des voyageurs qui nous ont précédés. Une jeune Sud-Africaine et un jeune Allemand ont visiblement du talent et n’en sont pas à leur coup d’essai, c’est agréable de les voir travailler, de voir évoluer leur idée sur la toile. Après le gîte musical en France à Lichos où des instruments étaient mis à disposition, voici l’auberge picturale.

En flânant dans la ville je croise mon ami l’Américain vers 17h30 qui comme d’habitude cherche une chambre dans un hôtel. Il traîne un peu la patte et il a l’air épuisé : le Chemin doit à nouveau le « sermonner » sévèrement. De plus en plus de pèlerins se payent l’hôtel, ça ne me manque pas, l’auberge et ses dortoirs communautaire font partie du jeu, je n’ai même pas à résister à la tentation, et puis je suis un peu fainéant, je n’aime pas l’idée d’avoir à chercher ma chambre.

Le soir repas avec Erling dans un restaurant conseillé par le patron de l’auberge. Une Allemande que mon compagnon connaît bien se joint à nous. Ambiance très gaie. Sans doute assoiffés par cette longue étape, lui descend la bouteille de vin et elle avale trois bocks de bière : ils finissent par avoir un peu de mal à trouver leurs mots en anglais, langue que nous adoptons tous les trois pour partager la conversation.

Le ciel est très couvert et on nous annonce de la pluie.

1260 kilomètres parcourus depuis le Puy-en-Velay

 

2 réflexions au sujet de “De Leòn à Hospital de Orbigo – Chemin de Compostelle”

  1. Brise lames
    Honnêtement je ne connais rien sur cette rivière, l’Orbigo, mais à mon avis il s’écoule plutôt de la droite vers la gauche sur la photo (du nord au sud) et donc ce ne sont peut être pas des brise lames, plutôt des renforts.

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  2. Pont pont
    Magnifique pont, on dirait qu’il comporte des « brise lames » par exemple comme le pont ancien de Prague, si c’est le cas, il devait y avoir autrefois des flots tumultueux ? Alors que maintenant on voit de l’herbe et des piquets… Ou y a-t-il encore d’énormes crues saisonnières ?

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