Lundi 6 octobre,
42e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 491 kilomètres
Direction Castrojeriz à un peu plus de 21 km. Je suis « l’itinéraire français ».
Hier soir Suzanna était inquiète de ne pas se réveiller à l’heure, le gîte fermant à 9h. Je lui propose de mettre mon réveil à 8h. J’ai probablement fait une fausse manœuvre, il a sonné à 6h ! J’étais confus mais Suzanna l’a bien pris : je vous avais dit qu’elle avait de l’humour. Le cycliste français lui n’a rien entendu : très, très fatigué. J’ai remis le réveil à la bonne heure et on s’est rendormis.
En fait pas grand-chose à raconter, le paysage ressemble à celui d’hier. Le guide note : « Les étendues déjà immenses sont encore plus infinies…Le chemin traverse un paysage vide.. », on ne peut mieux dire. Ces espaces s’accordent parfaitement avec mon vague à l’âme persistant, le magnifient, lui font résonnance.
En route, Hontanas au fond d’une vallée.
Le Chemin traverse de part en part l’ancien monastère de San Anton à une heure de Castrojeriz.
En arrivant à Castrojeriz dans le ciel une espèce de petit dirigeable : un 4×4 sur le bord de la route signale qu’il effectue des photographies aériennes.
Castrojeriz s’étire interminablement le long du Chemin, je m’arrête à la première auberge où je retrouve «les professionnels » et «le mec sérieux». Je m’apercevrai plus tard qu’il y avait une autre auberge plus loin, l’auberge municipale, plus moderne, qui fonctionne sur donation qui de ce fait attire beaucoup de monde. Ici c’est 7 euros mais les chambres sont quasiment vides. Je me retrouve seul dans une chambre pour quatre. Le prix n’est pas trop exorbitant pour un peu plus de confort. Un espagnol décroche la guitare qu’il porte sur son sac à dos et va jouer au soleil devant l’auberge, ça donne une ambiance de vacances, j’ai les doigts qui me démangent mais je ne vais pas lui demander de me la prêter.
Le soir je pars en quête d’un « menu pèlerin » et après pas mal d’errances je tombe sur probablement le seul restaurant proposant ce service : j’y retrouve tout le monde y compris les gens qui sont au gîte municipal. « Les professionnels » et « le mec sérieux » sont déjà à une table mais ne me proposent pas de me joindre à eux. Peut-être que ma prestation d’hier soir les a laissés sur leur faim ? Je ne m’impose pas et m’installe seul à une table. Suzanna est à une table avec trois autres convives, elle me fait signe de les rejoindre. Nous voilà cinq tassés autour d’une table pour quatre : deux Français, une Québécoise, l’Américaine et moi. Un des Français nous fait un cours sur les vins espagnols, chacun y va de sa petite anecdote : un repas très agréable malgré des mets du niveau cantine.
Aujourd’hui mon compte-rendu est assez succinct. Est-ce la monotonie exaltante des paysages ? Est-ce un passage à vide du narrateur ? A suivre…
Française ou espagnole
Bonjour Bernard,
La partie française est au début, quand on n’a aucune expérience et de ce point de vue elle est plus interressante, on s’étonne de tout, on découvre, en Espagne les problèmes techniques (tendinites,…) sont réglés, la période de rodage est terminée, on est plus sensible aux rencontres, l’hébergement sans réservation (si on choisi les dortoirs) et plus aventureux, donne un plus grand sentiment de liberté…A chacun ses critères, mais je choisirais l’Espagne. Il est possible que dans ce cas l’Espagne seule devienne la période de rodage et donc …
Re: Castrojeriz
Si tu ne devais refaire que la partie française ou bien que la partie espagnole, la quelle choisirais-tu ?
Fatigue
Côté physique, à ce stade du voyage, je n’ai jamais était autant en forme, tout me paraît possible. Côté mental peut-être un passage à vide comme répondu à Mauvaise herbe
Vague à l’âme
Sans doute un peu de tout plus la répétitivité de l’action : après le grand enthousiasme du début cela devient presqu’un travail.
Fatigue ?
Je suis en train de boucler la lecture de la troisième étape du marcheur de la route de la soie (voir en rubrique livres :o) et je suis frappée par l’épuisement physique et mental du marcheur « fou ». En est-il de même ici ?
Vague à l’âme
D’où sort-il ce vague à l’âme ? Trop de solitude ou trop de présences ? Trop de paysages plats ? Trop de questions suscitées par le long tête-à-tête avec soi-même ? Trop de remises en question ?