Vendredi 19 Septembre,
25e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 965 kilomètres
7h15, Aire-sur-l’Adour, en route vers Arzacq-Arraziguet à 33km. J’ai réservé au Centre d’accueil communal. Levé depuis 6 heures, les dames de la chambre ayant besoin de temps pour se préparer et le déjeuner étant à 6h45.
Je quitte donc « L’Hospitalet Saint-Jacques », excellent gîte, tant par le confort que par l’accueil. Les hôtes sont très gentils, très à l’écoute, on dirait une bonne sœur et un moine laïcs, mais il est vrai que c’est un véritable sacerdoce. Il y des hôtes qui, la veille, mettent tout en automatique, on se lève et tout est prêt. Eux sont là dès la première heure.
Je suis redescendu en ville pour chercher du pain parce que sur la route il n’y pas l’air d’avoir grand-chose. Il fait encore nuit mais en ville il y a les lampadaires. Il pleuvine, je n’ai pas mis la cape pour le moment.
En route je rejoins Jackie qui s’est arrêtée pour s’équiper en prévision de la pluie. Nous faisons route ensemble. Au lac de retenue du Brousseau un écriteau nous indique que le GR est dévié pour cause de construction d’une autoroute. Nous voilà partis sur les routes en suivant les rares panneaux indiquant la déviation ; le temps paraît long jusqu’à retrouver le GR et son marquage familier et rassurant. Les points de repère manquent et il faudra attendre un village ou autre chose pour savoir exactement où on est. Les quelques goutes se sont estompées, il y a un petit peu de ciel bleu.
Jackie me raconte qu’hier soir, pendant que j’étais au restaurant, la plupart des autres pèlerins avaient cuisiné leur repas. Il y avait une bonne ambiance. Beaucoup ont regretté que je n’y sois pas, j’aurais pu venir, il y en avait assez pour tous … Les hôtes ont donné plein de tuyaux dont je n’ai pas profité. Ils ont notamment conseillé à Jackie d’éviter la traversée interminable et sans intérêt de la banlieue de Burgos et de prendre un bus : ce ne sont donc pas des « intégristes du Chemin », ils sont pragmatiques. Je verrai sur place selon l’inspiration du moment.
Côté paysage c’est très agricole, maïs, maïs … et en plus il a souvent déjà été ramassé : « morne plaine ». Deux machines monstrueuses qui ont, ou qui vont, faire la récolte nous dépassent, on se sent minuscule. Les routes sont larges et plates, ce sont des chemins agricoles. Il n’y a pas d’arbre. Heureusement que le temps est couvert parce qu’en plein soleil ça serait sûrement infernal.
9h20 Jackie vient de me quitter. Elle avait besoin d’une petite pause et elle est moins pressée que moi car ce soir elle s’arrête dans une ferme à environ 8km avant Arzacq-Arraziguet. Je rejoins le couple de varois que j’avais rencontrés pour la première fois à Marsolan. Ils étaient pourtant partis après moi ce matin, mais au niveau du lac ils n’ont même pas remarqué le panneau de déviation et se sont retrouvés au milieu des travaux de l’autoroute. Les ouvriers les ont aidés à traverser le chantier et du coup c’était plus court. Ils vont dormir dans la même ferme que Jackie. Donc en principe eux non plus je ne les reverrai plus. A chacun son chemin, rencontres sympathiques mais fugitives.
9h45 je suis à Latrille, d’après le guide j’aurais fait un tiers de la route.
10h30 Un pépé (j’oublie souvent que j’en suis un aussi) en train de décortiquer des noix tient absolument à ce que j’en emporte une énorme poignée. Ce ne va pas vraiment dans le sens d’un chargement optimal mais c’est une agréable attention.
En moins de 2 kilomètres le paysage change du tout au tout. Le chemin n’est plus aussi monotone, il s’enfonce dans une forêt, parfois encaissé, de plus en plus accidenté. Ca secoue un peu la carcasse mais ça réveille l’intérêt : des fougères, de grosses meules de foins dans les champs, des ruisseaux, de la bruyère sur le bord des fossés…
Le temps est toujours couvert mais parfois le soleil traverse les nuages, un temps idéal pour la marche mais pas pour le séchage des chaussettes accrochées sur le sac.
11h05 j’entre dans Miramont-Sensaq. Un panneau m’indique que je n’ai plus que 954 km avant d’arriver à Saint-Jacques : c’est dans la poche ! Comme partout dans la région on voit quelques maisons en galets. En face de l’église une table d’orientation affirme que d’ici on voit la chaîne des Pyrénées. Sans doute par beau temps, mais aujourd’hui rien !
Midi, pause casse-croûte dans un champ, un peu après la ferme de Lamagnaques. Au loin un paysan fauche son pré avec un engin à moteur. Ca serait mieux sans ce bruit de fond mais le temps se couvre à nouveau et il veut sans doute devancer la pluie. Après quelques hésitations, le paysage a encore franchement changé, il est de plus en plus vallonné avec prairies et élevages : bovins, moutons, canards, oies …
13h je repars. Pour varier un peu les plaisirs j’ai expérimenté la saucisse sèche au foie. C’est trop écœurant à mon goût : une expérience à ne pas renouveler. Il y a de plus en plus de ciel bleu mais maintenant il y a du vent, il fait même un peu frisquet. Le soleil n’arrive pas à chauffer.
13h15, je sors de l’église de Sensacq dont le plafond en bois en forme de bateau renversé est très beau.
Ici, comme dans beaucoup d’autres églises, quand on entre, hop, ça s’allume. Peut-être que c’est particulier à celles qui longent le Chemin de Compostelle. Ce système est à la mode. On le trouve aussi dans les gîtes d’étapes dans les couloirs, dans les toilettes … Dans ce dernier cas il ne faut pas s’attarder sinon on se retrouve dans le noir ; il faut alors s’agiter sur son siège pour retrouver la lumière et continuer à étudier son guide. Il y a un commercial qui a bien fait son travail et a équipé toute la région.
14h15 j’entre dans l’église de Pimbo. Très intéressante. Un panneau m’apprend que c’est une église romane fortifiée du 14e siècle ensuite retravaillée en gothique mais qui a subi les outrages de la Guerre de Cent Ans et des guerres de religion.
Pour arriver ici beaucoup de petits raidillons qui rappellent que les Pyrénées sont proches.
En route j’assiste au ramassage du maïs. C’est impressionnant cette énorme machine qui avance assez rapidement dans le champ, qui broie tout et projette une grande gerbe, grain et feuillage mélangés, dans un camion qui la suit à la même vitesse. Ca doit être pour le bétail.
15h45 ca y est je suis dans ma chambre, je suis à Arzacq-Arraziguet. Depuis Pimbo rien que du goudron avec le soleil qui commençait à chauffer. J’en profite pour entreprendre une petite lessive.
Le gîte est bien. Il y a 4 lits (non superposés) dans la chambre. Je suis le premier mais elle se rempli progressivement. Il y a Anna-Maria, l’Islandaise déjà rencontrée à Nogaro, Catherine, la Québécoise d’hier soir, et un homme peut-être un peu plus jeune que moi que je surnomme « Le fonceur ». Lui son truc c’est d’aller le plus loin possible dans le minimum de temps. Le GR il n’en à rien à faire ; il prend le chemin le plus court, par la Nationale s’il le faut. Il a déjà fait une tentative l’année dernière sur le chemin de Vézelay. Au bout de 3 ou 4 semaines il est rentré chez lui, les pieds en sang. Cette année il a laissé tomber les chaussures de marche, il a ce qu’il appelle des « chaussures de marathon », en fait ce sont des chaussures de course à pied. On n’est pas tout à fait dans le même trip.
La Canadienne est partie le 25 septembre du Puy, elle marche donc bien. Pour l’étape d’aujourd’hui qui fait une trentaine de kilomètres, elle arrive sur les rotules mais elle arrive. Elle s’est fixé cette limite, environ 30km, elle compte allez jusqu’au Finisterre. Demain Arthez-de-Béarn, encore une trentaine de kilomètres.
Je fais un petit tour dans Arzacq-Arraziguet. Beaucoup de maisons anciennes, une place avec des arcades, la tour du Peich. Dans l’église il y a des cartes de France, d’Europe et du Monde où on peut mettre une punaise sur sa région d’origine. C’est impressionnant. Il y en a jusqu’en Nouvelle Zélande, en Afrique pratiquement rien, en Amérique du Sud quelques points, une grosse concentration au Québec, en Asie pas grand-chose et en Europe pratiquement partout. La carte n’est pas complète puisque par exemple l’Islande n’est pas représentée. Mais tout le monde ne passe peut-être pas par ici. En ce qui me concerne le travail a déjà été largement fait.
19h repas. Plusieurs tables sont occupées par un groupe d’une vingtaine de personnes. On m’en avait parlé sur le chemin. Ils « sèment la terreur » partout où ils passent tellement ils sont bruyants. C’est peut-être toute une paroisse car il y a un curé parmi eux. Ca crie très fort, ils s’interpellent d’un bout à l’autre de la table et il y a beaucoup de gens âgés qui sont sans doute un peu durs d’oreille. Ils sont dans leur monde et sûrement heureux d’être ensemble mais occupent entièrement l’espace sonore. Le repas est correct mais les « individuels » ne s’attardent pas.
Demain petit-déjeuner à 7h. J’aurais préféré plus tôt car j’ai réservé à Argagnon, un peu après Arthez-de-Béarn, à 39 km, dans le gîte d’étape du Cambarrat.
Poteau – Suite
J’ai trouvé ce lien ;
http://www.arzacq.com/pages/manifestations/fetesassociations.php
Il s’agit bien du « mât des associations »
Poteau
Dans la région on voit beaucoup ce genre de mât qui, à mon avis, font honneur à un élu ou peut-être des jeunes mariés….
Ici les petits drapeaux (après agrandissement de l’original de la photo) portent le nom d’associations locales (musique, sports, foyer rural, …)
Poteau
Qu’y a-t-il sur le poteau rouge et blanc ? Drapeaux ? Autres ?