Jeudi 28 août,
3e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1494 kilomètres.
Départ vers 8 heures. Temps couvert et frais.
En route je passe par « Le Sauvage », grosse ferme fortifiée qui sert maintenant aussi de gîte d’étape. Le guide proposait de l’éviter (détour de 4 km). C’aurait été dommage, l’endroit est magnifique dans son isolement. Tout est paisible. On dit qu’en hiver c’est très rude mais en cette saison on ne le ressent pas sauf à voir l’architecture des fermes ou des maisons.
Dans la région on trouve de nombreux « travails à ferrer les vaches ». Il s’agit en général de quatre poteaux en granit au milieu desquels on maintenait la vache qui devait être ferrée. Beaucoup de village les ont conservés et les ont décorés, souvent avec des fleurs.
On peut introduire ici une parenthèse sur « l’authenticité du chemin ». En fait on suit le GR 65 (GR = chemin de Grande Randonnée) dont le tracé évolue en fonction des influences des uns et des autres : politiques, commerçants, hôteliers, … les pélerins étant pris pour de simples consommateurs qu’on « balade » pour une meilleure rentabilité de certains intérêts locaux. Ainsi d’une édition d’un guide à l’autre le tracé change et les distances parcourues aussi. Comme il faut bien justifier ces modifications, des « historiens » s’affrontent pour défendre l’authenticité d’un tracé ou d’un autre, mais tout le monde se fiche comme d’une guigne du pélerin qui suit bêtement les fameuses marques blanches et rouges.
Une fois arrivé au col de l’Hospitalet le temps change radicalement : ciel bleu et soleil. Au col on retrouve une chapelle Saint-Roch.
Contrairement à l’étape d’hier il ya peu de goudron et beaucoup d’ombre.
En route je traverse Saint-Alban sur Limagnole : centre intéressant mais je ne m’attarde pas.
Un peu plus loin je m’octroie une pause casse-croûte : c’est divin, pas un bruit, bien à l’ombre avec un paysage magnifique pour m’accompagner. Malheureusement je ne m’arrête qu’une demi-heure : j’ai peur d’arriver trop tard au gîte. Je ne maîtrise pas encore bien l’estimation de mes temps de parcours. Donc je marche le plus vite possible et je m’arrête le moins possible. C’est bon pour le chrono mais ce n’est pas très convivial. C’est le plus sur moyen de ne pas me faire de compagnons de route. C’est vrai que j’ai décidé de faire le Chemin en solitaire pour me confronter à la solitude et parce que ce qualificatif me colle à la peau, mais en fait je m’aperçois que j’aime bien la compagnie.
Quelle que soit l’heure, quelle que soit l’étape de départ, on trouve des marcheurs. Mais en fait on est seul la plupart du temps pour peu qu’on ait un rythme différent de la moyenne des gens (ou plus rapide ou moins rapide). On peut passer une heure sans voir personne et puis d’un coup on en croise un ou plusieurs qui font une pause ou on en « ramasse » des plus lents. Puis ce sera l’inverse et ainsi je redoublerai plus tard des gens qui ont avancé pendant ma pause. On crée ainsi un noyau de gens que l’on finit par reconnaître et avec qui on pourra faire plus ample connaissance à l’étape.
J’arrive à Aumont-Aubrac, ma prochaine étape, vers 16h30. J’aurais pu faire des pauses plus longues !
J’avais réservé au Calypso, un hôtel qui accueille également des pèlerins dans un dortoir d’une quinzaine de places. Il y a déjà pas mal de monde, surtout des Allemands. Il y a une jeune fille Française toute triste : ses ampoules sont trop importantes, elle ne peut plus marcher d’autant plus qu’elle était dans un groupe. Elle reprend le train demain matin. C’est le problème du voyage en groupe ; seule elle aurait peut-être pu attendre un jour ou deux et reprendre le chemin avec des pieds en meilleur état. Son train est très tôt le matin. Elle doit se lever à 5 heures, je lui prête mon réveil de poche.
Petite visite de la ville avant le repas. Belle église. A noter que mon portable ne trouve pas de réseau : je n’ai pas du choisir le bon opérateur, car beaucoup d’autres marcheurs n’ont pas ce problème.
J’avais réservé le repas du soir. Il se passe à l’hôtel en table individuelle : sinistre. Mes compagnons de chambrée ont préféré se faire à manger ou trouver un restaurant dans le village.
Au retour vers 20h30 dans le dortoir il y en a déjà qui essayent de dormir. Il faudra que je pense à préparer mon couchage avant d’aller manger et à me munir de ma lampe frontale : ce n’est pas commode de s’installer dans le noir.
Pour demain j’ai réservé à Aubrac dans la tour des anglais.
Merci
Avec tous ces encouragements je n’ai plus qu’à me mettre au travail pour la suite.
Re: 28 août : kilomètre 57. Chanaleilles à Aumont-Aubrac (30 km)
J’ai pris plaisir à lire ces premiers souvenirs de votre longue route. C’est chouette!
Plein de bisous
Re: 28 août : kilomètre 57. Chanaleilles à Aumont-Aubrac (30 km)
Merci pour tes encouragements.
Je vais essayer d’être plus prolixe mais il reste environ 60 jours à décrire, ça risque d’être plus long sur le web qu’à pied (: !
Re: 28 août : kilomètre 57. Chanaleilles à Aumont-Aubrac (30 km)
Salut Pierre. L’Aubrac, l’une des plus belles régions de France où la nature est encore sauvage et préservée! Solitude et beauté. J’espère que tu iras au bout du voyage sur ton site car je suis avide de la suite (même s’il n’y a pas beaucoup de détails et d’anecdotes 🙂